30 août 2017

UNE COUPE A ROPPENTZWILLER



Roppentzwiller, entre Waldighoffen et Durmenach, Sundgau.
Au croisement de la rue principale et de la rue de l'école, l'ancien café "A la Choppe" crée l'animation ces jours-ci. C'est l'ouverture conservatoire pour conserver la précieuse Licence IV. Trois ans se sont écoulés depuis mon dernier passage et pourtant rien ne semble avoir changé dans cet immeuble angulaire couleur brique. Marie-Juliette, peut-être, n'est pas là aujourd'hui. C'est l'exploitante d'hier, nonagénaire. Le bistrot est devenu silencieux en 2009. Il est toujours en vente, après des transactions avortées.
J'aime les troquets du temps passé. Les papiers peints remontent aux années 60 si j'en crois Morand, un voisin attaché également aux choses de nos aïeux. Il est venu avec son petit-fils.
Le plafond laqué reflète sa couleur café crème en harmonie avec les tons rustiques du bar et de la salle. Quelques hommes conversent avec Patrick, l'héritier, et son fils Anthony. Eux non plus n'ont guère changé en trois ans.
Hier soir, La Choppe a fait le plein. Musique de potes et cuisine thaïlandaise dans un bistrot de chez nous. C'est cette ambiance que j'essaie de retrouver en considérant les tables et les chaises soigneusement disposées, tout en savourant ma coupe de champagne. Un breuvage d'or  pour célébrer ce réveil éphémère au cœur du village. Un bonheur simple en échangeant avec les consommateurs et le barman. 

Ouvert en 1929, le café a vu passer des générations de cultivateurs et d'ouvriers, proche du canal de l'usine et de la gare qui ne sont plus que des souvenirs. 
Les bulles de ma coupe sont les paillettes du temps qui passe.
Je dois reprendre la route, heureux de ces retrouvailles, les dernières peut-être. Dans trois ans, La Choppe sera peut-être convertie en appartements. 



 

29 août 2017

L'AUBERGE DE L'ILLBERG




M2A ouvre les portes de ses sites le 02 septembre. Ils sont une trentaine dans l'agglomération. A deux kilomètres du centre-ville de Mulhouse, surplombant la plaine sportive, l'Auberge de Jeunesse.

Dans son cadre verdoyant, une institution qui a fêté ses soixante ans en 2014 et désormais sous la tutelle de l'office de tourisme et des congrès. L'établissement avait redémarré au printemps 2016 après quelques mois d'inactivité. Avec 103 lits, un parc arboré et une situation enviable proche des infrastructures sportives - palais des sports, piscine olympique, patinoire - , l'AJ de Mulhouse fait le bonheur de toutes les générations et de publics divers : jeunes, étudiants, scolaires, familles, cyclosportifs et sportifs tout court. Pour les Mulhousiens, ses salles de réunion permettent d'organiser assemblées générales et séminaires.
Labellisée Familles Plus, la maison fait encore valoir son agrément Tourisme et Handicap pour les quatre déficiences. 





Lysiane l'accueillante  maîtresse de maison


Auberge de Jeunesse Mulhouse 37, rue de l'Illberg.
Portes ouvertes le 02 septembre. 
www.mulhouse-alsace.fr 




27 août 2017

75E ANNIVERSAIRE DE L'INCORPORATION DE FORCE A RICHWILLER

Plusieurs centaines de personnes ont pris part à la journée de commémoration portée par la ville du Bassin potassique, une commune qui dispose d'un monument aux Malgré-Nous.





" L'Histoire de France ne comporte pas que des pages glorieuses."
Le préfet du Haut-Rhin Laurent Touvet s'est associé  à la douloureuse mémoire de l'Alsace qui rappelle ces jours-ci l'incorporation de force de ses fils dans l'armée d'occupation. Le 25 août 1942 résonne pour longtemps encore comme le glas d'une jeunesse sacrifiée sur l'autel du nazisme et envoyée dans l'enfer. Au-delà de ces garçons qui n'espéraient que grandir, le martyre de toute une région.

Le 25 août 2017, les églises d'Alsace ont activé les cloches pour marquer le 75e anniversaire du décret du gauleiter Robert Wagner, administrateur zélé de la province annexée de fait par les Allemands en 1940. Jusqu'en 41, les armées du Reich écrasaient tout sur leur passage. Mais bientôt, il a fallu trouver des renforts. En Alsace - Moselle, 130.000 jeunes gens allaient être enrôlés, des classes 1908 à 28. Les derniers n'étaient encore que des enfants, jetés sur tous les fronts après une sommaire instruction. Certains ont intégré les Waffen SS, ce qui réduisit d'autant plus leur espérance de vie au combat. Malheur aux vaincus. Le dernier Alsacien prisonnier des Soviétiques fut libéré en 1955. 


Le préfet Laurent Touvet
René Baumann, 94 ans


Les Alsaciens ne voulaient pas de l'uniforme feldgrau. L'administration nazie aura tôt fait de les mettre au pas, en punissant les réfractaires et leurs familles, internées à Schirmeck, cependant que les biens étaient saisis. Pour l'exemple, on fusilla, comme les évadés de Ballersdorf dans le Sundgau. 

Tout cela a été rappelé le 27 août à Richwiller, où une cérémonie départementale a été organisée par la Ville avec de nombreux partenaires, dont la société d'histoire locale. Le maire Vincent Hagenbach est lui-même fils d'incorporé. Le 8 mai est toujours difficile à célébrer, rappelle l'élu, car si la France fête la Victoire 1945, "l'Alsace se souvient du retour dans l'indifférence générale, mais surtout avec un sentiment de honte" de ceux qu'on appellera les "Malgré-Nous", quand ils ont eu la grâce  de rentrer. Deux adolescents de Richwiller ont lu deux lettres émouvantes d'enrôlés alsaciens rédigées avant leur dernier souffle. Les deux soldats ont été condamnés à mort le jour de l'Assomption. Ils devaient finir pendus.
C'est à toutes ces victimes, aux incorporés de force des deux sexes, en ajoutant le RAD puis le KAD, à leurs familles, à l'Alsace en définitive, que Richwiller pensait ce dimanche d'été, devant un parterre d'anciens combattants dont une quarantaine de survivants de l'annexion. 

"On connaît mal en France l'incorporation de force", tente le préfet Touvet. Les enrôlés ont longtemps été oubliés. La désinformation a alourdi le poids de la souffrance et si l'Allemagne a consenti un dédommagement d'un millier d'euros par homme réquisitionné, la jeunesse de nos aïeux a été perdue.
"On aimerait juste la reconnaissance de l'abandon de l'Alsace" avait lancé préalablement le maire de Richwiller. 

Le représentant de l'Etat a pris la dimension du drame. Laurent Touvet concède qu'on "ne construit pas l'avenir sans connaître l'histoire".  




La fanfare des hussards d'Altkirch


Les véhicules de la collection Hess

C'est à Notre-Dame d'Altkirch que nous avons confié à Dieu Eléonore cet après-midi. Cela faisait longtemps que je n'y suis pas retourné pour un office, m'étant exilé liturgiquement dans la vallée de la Largue. C'est pourtant dans cette église qui a accompagné ma vie chrétienne pendant quatre décennies que j'ai croisé naguère la défunte. Elle m'a semblé un peu vide d'ailleurs aujourd'hui, mais Eléonore était nonagénaire, retirée de la vie professionnelle depuis fort longtemps et du fait de son grand âge, beaucoup de ses contemporains l'avaient précédée dans le grand voyage. Les vieilles amies qui se rapprochent du siècle de longévité comme elle étaient là aussi. Les descendants ont rappelé le parcours à la fois heureux et douloureux de la défunte, qui s'en est allée avec son éternel sourire. 
Eléonore ce soir repose dans la paix du cimetière d'Altkirch, sous un ciel étoilé. A cet instant, il me revient cette recommandation tirée du Petit Prince, regarder les étoiles et les imaginer rire.
Eléonore m'avait enseigné que pour vivre sereinement, il fallait considérer le monde avec des yeux d'enfant. 

Je ne crois pas avoir beaucoup grandi. Je ne crois pas avoir voulu grandir. Mais ce soir je me sens un peu plus orphelin.

Au revoir Eléonore

22 août 2017

L'ASSOMPTION D'ELEONORE

Eléonore. Son seul prénom était lumineux et sonore. J'avais plaisir à le prononcer. Aujourd'hui elle n'est plus. Eléonore s'est endormie, rappelée à l'issue de son très long pèlerinage terrestre. Je n'ai pas eu, pris le temps de la revoir. Je l'imagine endormie avec son indissociable sourire.
C'est professionnellement que j'ai appris à connaître Eléonore, alors que j'écrivais pour "L'Alsace" je pense. C'était il y a près de trente ans. Elle comptait aussi parmi mes fidèles auditrices. A l'époque, elle donnait le bras encore à son époux fatigué. Elle a poursuivi la route seule, bien des années après son départ, toujours digne, la voix posée et douce, la lumière dans les yeux rieurs, l'esprit philosophe. C'était une petite dame, qui dans sa carrière s'était occupée d'enfants et de professeurs. Sa droiture, son intelligence, son charisme faisaient d'elle une personne attachante. 

J'ai eu le bonheur de la connaître, de la croiser souvent, de l'accueillir à La Brigantine où elle appréciait les produits de la mer. Nous avons  beaucoup échangé, refait le monde de nos mots avec des visions différentes que nos générations suscitaient. 
Elle savait donner, sa générosité était sincère. 
La vie le lui a bien rendu, au travers d'une descendance nombreuse. 
Jusqu'à tardivement, elle conduisait sa Renault 4 grise. Puis un jour, elle dut quitter son nid douillet sur les hauteurs d'Altkirch, pour la salle d'attente vers l'ultime voyage. Il m'était insupportable de la voir dans sa nouvelle résidence collective, à attendre que le temps fasse son œuvre. Mais Eléonore ne se plaignait jamais. 
Elle a rejoint là-haut sa vieille amie Thérèse, emportée quelques semaines plus tôt. Et son incroyable complice "le grand Charles", notre facétieux ami commun. Mais d'abord son inoubliable conjoint. 
L'été va s'en aller bientôt. Eléonore s'est endormie dans la joie de l'Assomption, elle qui a aimé Dieu avec ferveur. 
Eléonore avait 96 ans. Elle n'avait d'âge que celui de la sagesse. 


Je vous aimais aussi, Eléonore. 

21 août 2017

LABOUR EST DANS LE PRE

Moernach sur la route de Ferrette, au cœur du Sundgau. Dans cette paisible campagne après deux mois d'été, le monde paysan de Haute Alsace s'est retrouvé le 20 août pour promouvoir le travail de la terre et distinguer ses talents. 



Les Jeunes Agriculteurs du Haut-Rhin ont créé  "Sillon d'énergie", une manifestation festive autour d'un concours de labour, la 64e finale départementale pour candidats de 16 à 35 ans et travaillant dans l'agriculture. Ce concours fut initié après la guerre par les Jeunes Agriculteurs déjà. Le labour étant une technique de travail du sol destinée à assouplir la terre et la préparer aux semis. Un bon labour se caractérise par "des sillons bien réguliers et droits, une raie propre et nette, un terrage et un déterrage soignés et un enfouissement parfait des résidus". 
Posés sur le pré comme une poitrine féminine, deux ballons verts à côté d'une exploitation laitière. Une unité de méthanisation et une activité traditionnelle. Des remorques vantant les biodéchets en guise d'arche de bienvenue. Pour faire le lien entre agriculture, production d'énergie, environnement et emploi. 




J'y ai rencontré Mathieu, double actif. Issu du monde agricole dans lequel il s'investit encore partiellement, car il ne pourrait plus en vivre à l'en croire. A 32 ans, cet agriculteur de Heiwiller pouvait encore disputer l'épreuve de labour. Sur un  Renault de 130 chevaux. 



C'était dans le Sundgau, avec des engins de générations différentes, les vieux tracteurs au rouge défraîchi rugissant derrière les mastodontes rutilants au repos.











Avec le soleil de face sur le champ à travailler, la présence encore de cow-boys de l'ouest départemental, la plaine qui se présentait à contre-jour prenait des allures de grand espace américain. A quelques kilomètres de la médiévale église de Feldbach, la terre de Moernach est toujours cultivée, mais j'y ai décelé un sillon d'énergie nouvelle.

 

18 août 2017

LE DERNIER JOUR DE JENY



Dimanche 18 août 2013



Le jour tant redouté est arrivé. J'aurais aimé qu'il n'existât pas. Mais la coupe s'est présentée. J'avais réglé le réveil sur sept heures pour allonger la journée. Il ferait encore relativement beau.
(...)
A 17 heures, nous étions à l'EuroAirport. Cette plateforme que je fréquente professionnellement depuis un quart de siècle, que je connais comme mon appartement, où maintenant je devais conduire la femme que la France m'enlève... Le ciel s'était ennuagé davantage.
17H30. Check-in réalisé au guichet 66, côté suisse. Ce n'est pas la foule dans l'aérogare, plutôt déserte secteur français. Sandra opère.
Le vol est programmé pour 19H55. Mais d'abord, en finir avec les formalités de l'Etat français. Trouver la police aux frontières. Depuis que le passage est libre entre les deux zones de départ, difficile de la rencontrer. A l'information côté helvétique, l'agent de comptoir  obtient qu'un fonctionnaire vienne à nous.
Un policier en civil, un touriste presque, en tenue de téléspectateur de match de foot, mais cool. L'intéressé n'en revient pas qu'on respecte les injonctions de la préfecture. Il n'a pas l'habitude. Il ira mettre le cachet de son service, mais Jeny devra être porteuse de ce document en débarquant à Vienne, porte de sortie de l'espace Schengen. Sinon, il pourrait lui en coûter et là encore être menacée de ne pas remettre les pieds chez nous...
18H15. Jeny a envie d'un chocolat chaud, que lui prépare un distributeur. Nous sommes quasiment seuls dans le hall, en face d'une employée d'Air France qui ne sait pas comment tuer le temps. Or il s'écoule.
18H30. Nous nous rapprochons de l'embarquement. Un tour rapide sur la terrasse via les sculptures de Tinguely et nous voilà près du contrôle. Des couples. Des embrassades. Une fille larmoie contre son chéri.  La bouche de Jeny est triste. Mes lèvres épuisées. Quelques baisers. Nous nous renouvelons les promesses. “Pom rak chun” lui dis-je encore. Sa main est chaude.
18H46. Jeny a essuyé ses yeux et s'engouffre dans le dédale. Le premier contôleur est tout sourire. Puis elle disparaît. Je ne la revois plus.
Je retiens ma peine. Mes pas sont lourds, incertains, ma pensée obscurcie, je quitte l'aérogare. Lentement. A la caisse, une vacancière pousse un cri: elle doit s'acquitter de 60€ de stationnement...
Les cieux se sont obscurcis.
J'avais promis à Jeny d'assister à son décollage. Je me dirige vers le belvédère de Blotzheim où beaucoup passent outre l'interdiction de circuler en voiture. Nous sommes une vingtaine, des pique-niqueurs, des proches de passagers comme moi, des connaisseurs de l'aéronautiaue, comme … Paulo, qui à ma surprise, est venu pour le 777 cargo coréen (et pour mon amour).
easyJet distille ses vols et met de l'orange dans le gris foncé. Des gouttes tombent.
20H. Le bimoteur à hélices d'Austrian s'avance. Il glisse dans le sens opposé. Il m'envole ma Jeny.
La pluie tombe.

19 août 2013



17 août 2017

LES BOUQUINS D'OELENBERG






C'est l'été, le temps du recul, de la pause, de la lecture. Dans la paix des champs qui ceignent ses vénérables murs, Notre-Dame d'Oelenberg pointe ses tours dans le ciel de Reiningue. Pourtant, en cet après-midi d'août, la fréquentation est inhabituellement élevée pour un jour de semaine. Nous sommes au lendemain de l'Assomption certes. Des pèlerins, des touristes, des clients du magasin monastique, des habitués...
Au cœur de l'été donc, un des derniers monastères, fondé par les Eguisheim au XIe siècle, propose une vente de livres. C'est la deuxième fois que l'abbaye ouvre ses portes pour une telle manifestation destinée à financer de coûteux travaux. L'entretien des lieux dépasse largement la capacité financière des moines trappistes cisterciens.
Dans la grande salle de l'abbaye, transformée en salle de vente, une profusion de bouquins. L'approvisionnement ne tarit pas, les réserves étant riches  et les donateurs au rendez-vous. Pas de tarif pour la librairie, chacun donne ce qu'il peut / veut. Aux livres s'ajoute cette fois une brocante, avec de belles pièces aux prix convenus avec un professionnel.
Pour Gilles, un ami d'Oelenberg venu offrir son temps à la communauté, cette vente d'été est d'abord un soutien aux religieux qui vivent de leurs mains et de la prière.


La vente - brocante de l'abbaye d'Oelenberg est ouverte jusqu'au 26 août, sauf le dimanche.

www.abbaye-oelenberg.com 

NAGER DANS LE RHIN BÂLOIS




Bon an mal an, quelque 5000 nageurs participent au Rheinschwimmen de Bâle. La 37e édition s'est déroulée le 15 août dans des conditions agréables une fois de plus. La descente du Rhin, réglée entre le Schaffhauser Rheinweg et la Johanniterbrücke, est envoyée à 18H. Elle est organisée par la SLRG, société suisse de sauvetage maritime, avec de nombreux sponsors. Le parcours s'adresse à de bons nageurs, qui emportent leur sac de natation. La 37e a attiré entre 4500 et 5000 adeptes d'une expérience recommandée par les Bâlois.











Photos du Rheinschwimmen 2015 Pascal Kury