15 février 2018

CARNAVAL DE MULHOUSE : CAP SUR LE RHIN



Quelques jours avant les réjouissances finales du 65e Carnaval de Mulhouse. Je pénètre dans l'entrepôt des sociétés carnavalesques dans le Vieux-Dornach, où le temps semble à l'arrêt. Je crois que je l'ai toujours connu ainsi, déjà à l'époque du regretté Henri Fischer, le décorateur en chef. Aujourd'hui, c'est Gaston qui tient la boutique, secondé par Steve et Fernand. Une vingtaine de chars reposent ici, huit propriété du Carnaval, douze appartenant aux associations. 


Après le pédalo de Hollande, l'esquif de Macron

En entrant par la petite porte, un homme en costume me surprend. Je ne suis pas le seul : une marionnette à l'effigie de notre président en marche. Les plateaux sont quasiment prêts pour les défilés. Je ne dirai pas tout, pour ne pas briser la surprise. Près des stocks, un jeune homme s'affaire sur un char dont l'arrière ressemble à une forêt de boomerangs. C'est Joël, éducateur technique spécialisé des Papillons Blancs. L'institut participe à son troisième carnaval de Mulhouse et de nombreux résidents apportent leur touche ici ou dans leurs murs à leur véhicule. L'un d'eux assiste même indirectement à la préparation depuis son fauteuil. Pour cette population en situation de handicap, faire le carnaval de Mulhouse est un privilège et une ouverture sur le monde. 


Joël sur le char des Papillons Blancs

Jean-Marc Sprenger nous rejoint. Le président du comité du carnaval se félicite du renouveau. Pas moins de vingt-six chars seront en mouvement cette année. Certes on est très loin des quatre-vingt-dix de la belle époque, quand cent cinquante mille spectateurs les escortaient. Mais Jean-Marc se réjouit d'avoir ramené la grande manifestation mulhousienne dans le giron rhénan en tissant des liens avec Bâle et Baden Baden. D'ailleurs le thème 2018 est "Au fil du Rhin". 



Les carnavaliers comptent désormais sur la bienveillance du ciel pour capter la grande foule. Dimanche 18 février au soir, il s'agira de penser au 66e.





 

14 février 2018

APALIB : GRAND AGE ET JEUNES AMOURS





A l'occasion de la Saint-Valentin, l'association APALIB', membre du réseau APA, a voulu montrer qu'on pouvait s'aimer à tout âge, à travers deux couples attachants. Je me suis mis en route vers la résidence - autonomie Bel Air, à la rencontre de l'un d'eux.
En me présentant à l'appartement, je venais d'être précédé par le livreur de fleurs. Lucien a fait envoyer à son dernier amour deux magnifiques bouquets, dont un de roses rouges. La passion se moque du temps qui passe. Et pourtant, la clepsydre du pèlerinage terrestre se vide.
Lucien est le dernier d'une lignée me confie-t-il. Son histoire commence de l'autre côté de la Méditerranée, mais à 18 ans, le voilà en terre d'Alsace et dans une grande maison industrielle, la SACM. Il devra la quitter à 55 ans après avoir beaucoup voyagé. Il apprend d'ailleurs son invitation à quitter le bateau en Afrique.
Ses proches ont été confrontés à la guerre, la Grande pour son père. Lui en aura été quitte avec le service national. Et en ayant traversé les décennies d'un siècle, il considère que sa vie a été heureuse dans l'ensemble. Voilà quelques années toutefois, Lucien a perdu son épouse de toujours.
Sa route finit par croiser celle de Stéphanie, elle aussi dans le veuvage, mais depuis plus de vingt ans. Cette Mulhousienne a perdu son mari tout juste quinquagénaire.
Leur rencontre s'établit fin 2011 dans un thé dansant de l'APALIB'. Lucien n'a que l'embarras du choix pour une cavalière. Il parvient à convaincre Stéphanie. Et d'un tour de piste naît une nouvelle histoire. Depuis quelques années, Lucien a quitté son appartement de la résidence Wallach pour rejoindre sa compagne de fin de vie.
Il a 90 printemps, elle 72. Presque une génération les sépare, Stéphanie l'appelle d'ailleurs "mon petit père", mais ce couple tardif coule des jours heureux. Ne pas se retrouver seul au petit déjeuner, partager la dernière saison en distillant la tendresse, laissant la fougue amoureuse aux plus jeunes, le corps s'étant fragilisé. "Je suis un vieux petit bonhomme", constate Lucien, mais toujours autonome. Ici, ce n'est pas la maison de retraite, assure le couple.
Mais la maison de l'amour. Lucien sait aussi que si par malheur Stéphanie devait faire le dernier voyage avant lui, ses jours seraient définitivement comptés.